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Défense : « L’espace est devenu un nouveau champ de conflictualité »

Le général Michel Friedling, Commandant du commandement de l’espace (CDE), a été auditionné, mercredi 8 juillet 2020, à huis clos, par les députés de la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale.

Le général Michel Friedling, Commandant du commandement de l’espace (CDE), a été auditionné, mercredi 8 juillet 2020, à huis clos, par les députés de la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale.

Le général Michel Friedling, Commandant du commandement de l’Espace.

Le général Michel Friedling, Commandant du commandement de l’Espace.

L’audition du général Michel Friedling, Commandant du commandement de l’Espace, s’est tenue mercredi 8 juillet 2020 à huis clos, intervient dans un contexte de changements importants dans le domaine du spatial : contestation des leaderships technologiques traditionnels par le New Space, avancées technologiques majeures, émergence de la Chine, activités d’espionnage dans l’espace… L’espace, milieu essentiel au fonctionnement de la société et à la sécurité du pays, est aujourd’hui au cœur d’une compétition stratégique et industrielle sans précédent qui s’accélère, avec des menaces qui se développent.

Dans ses propos introductifs, la Présidente de la Commission de la défense et des forces armées, Françoise DUMAS, a déclaré que « personne ne conteste que notre dépendance aux moyens spatiaux constitue une potentielle vulnérabilité, et la défense de ceux-ci un enjeu de résilience » :

L’espace est devenu un nouveau champ de conflictualité et toute la question est de savoir si les grandes puissances réussiront à établir un cadre de droit international permettant d’éviter une folle escalade.

“Renforcer l’autonomie stratégique française”

Le général Fridling a d’abord évoqué les bouleversements du paysage spatial international avec notamment l’augmentation du nombre de pays investissant le spatial (30 à 85), la multiplication par 2 du montant global des dépenses passant de 36 milliards de dollars à plus de 80 milliards de dollars, l’augmentation du volume des investissements militaires passant de 17 à environ 30 milliards de dollars. La Chine a multiplié par 8 ses dépenses (0,8 à environ 7 milliards de dollars) et par 3 le nombre de ses lancements annuels. Le nombre de pays mettant en œuvre au moins un satellite est passé de 30 à plus de 70 et en 10 ans le nombre de satellites opérationnels en orbite a plus que doublé.

Le ravitaillement de la station spatiale internationale et plus récemment le transport d’équipage, sont désormais réalisés par des opérateurs commerciaux.

Dans ce contexte, la stratégie spatiale de défense vise à renforcer l’autonomie stratégique française et garantir la liberté d’accès et d’action dans l’espace selon deux axes : répondre aux menaces émergentes et consolider notre autonomie stratégique.

Le général Friedling a indiqué que le premier défi est de conduire la montée en puissance du spatial de défense sur tous les fronts en cherchant des résultats rapides, avec la concrétisation de la feuille de route Maîtrise de l’Espace (capteurs, données, C2, démonstrateur), la génération des compétences et l’installation rapide du CDE à Toulouse. Les effectifs du CDE seront renforcés chaque année pour atteindre environ 500 personnes à l’horizon 2025 et les premiers bâtiments du CDE au sein du centre spatial toulousain (CST) devraient être livrés en 2023.

Sur le plan capacitaire, l’effort financier d’environ 5 Md€ prévu sur la LPM 2019-2025 permettra la mise en service de plusieurs capacités spatiales majeures (capacité d’observation avec la mise en orbite des satellites CSO, capacité de renseignement d’origine électromagnétique avec les satellites CERES, remplacement du cœur souverain des communications sécurisées avec les satellites SYRACUSE IV). En parallèle, la France prépare les successeurs de ces systèmes et lancera les programmes d’armement IRIS et CELESTE qui seront mis en service à l’horizon 2028. Le programme ARES fédérera l’ensemble des moyens concourant à la maîtrise de l’espace.

“Les choses évoluent particulièrement vite”

Dans ce cadre, le successeur du radar GRAVES disposera d’une première capacité opérationnelle en 2023 et d’une pleine capacité à l’horizon 2030. Un premier démonstrateur d’une capacité de surveillance et de manœuvre en orbite géostationnaire sera lancé en 2023. Des études sont également conduites pour le développement d’une capacité de défense active dans l’espace à l’horizon 2030.

Enfin, à la même date, la France disposera d’une capacité en matière de commandement et de contrôle des opérations spatiales qui reposera en particulier sur la capacité à collecter, stocker et traiter des données de surveillance de l’espace issues de capteurs multiples et de partenaires privés et étatiques. Le général Friedling a souligné à cet égard que la donnée sera au cœur de nos capacités spatiales futures, un facteur clé de la maîtrise de l’espace et un véritable enjeu de succès et de souveraineté.

S’agissant des coopérations, le général Friedling mentionné notamment l’adhésion de la France au forum multinational CSpO (Combined Space Operations), les travaux conduits avec l’Allemagne dans le domaine de la surveillance de l’espace et la signature d’une lettre d’intention avec l’Australie pour développer la coopération spatiale militaire.

En conclusion, le général Friedling a mentionné deux autres enjeux majeurs pour la France : être présent dans toutes les instances qui traitent du spatial militaire et de l’espace en général, en particulier dans les travaux conduits dans le cadre européen et dans ceux relatifs aux normes de régulation ou de contrôle du trafic spatial d’une part et d’autre part conserver une réflexion prospective afin de préparer l’avenir :

Les choses évoluent particulièrement vite et notre mission dans ce domaine n’est pas de préparer le lendemain du monde d’hier, mais de préparer l’aube du monde de demain… celui où l’espace sera un système de systèmes dans lequel il ne s’agira pas de remplacer une capacité par une capacité meilleure ou de développer des capacités, indépendamment les unes des autres, mais bien d’avoir une approche systémique.

Le Commandement de l'espace (CDE) a été créé ne septembre 2019. Son but est de « disposer d’une défense spatiale renforcée et disposer d'une autonomie stratégique spatiale.

Le Commandement de l’espace (CDE) a été créé ne septembre 2019. Son but est de « disposer d’une défense spatiale renforcée et disposer d’une autonomie stratégique spatiale.