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Betteraves à sucre : une dérogation pour les néonicotinoïdes strictement encadrée

Betteraves sucrières : le principe d’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes demeure. Il ne s’agit pas d’une autorisation mais d’une dérogation strictement encadrée.

Les choses doivent être bien claires : le principe d’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes demeure. Il ne s’agit pas d’une autorisation mais d’une dérogation strictement encadrée. En Seine-Maritime, ce projet de loi était très attendu par la filière de la betterave sucrière.

A l’instar des agriculteurs, des industriels et salariés des sucreries que je rencontre fréquemment, j’aurais bien évidemment souhaité qu’il existe des alternatives efficaces, afin de pallier cette épidémie, sans aller jusqu’à voter en faveur d’une …

A l’instar des agriculteurs, des industriels et salariés des sucreries que je rencontre fréquemment, j’aurais bien évidemment souhaité qu’il existe des alternatives efficaces, afin de pallier cette épidémie, sans aller jusqu’à voter en faveur d’une dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes. (photo : © pixabay)

Hier, mardi 6 octobre 2020, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi relatif aux conditions de mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques en cas de danger sanitaire pour les betteraves sucrières, lors d’un vote solennel par 313 voix pour et 158 contre.

Je fais partie des 313 députés qui ont voté favorablement ce projet qui permettra, uniquement pour la filière de la betterave sucrière, d’utiliser à titre dérogatoire les néonicotinoïdes. C’est un texte difficile, important, qui n’oppose pas l’économie et l’écologie. La question est celle de notre souveraineté.

En effet, en raison de la prolifération d’un puceron vert vecteur de la maladie qui affaiblit les plantes dans de nombreuses régions, les betteraves issues de semences non enrobées d’insecticide sont atteintes de jaunisse. La réintroduction de semences enrobées avec des néonicotinoïdes doit permettre de protéger les rendements sucriers.

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J’assume pleinement d’avoir voté favorablement en faveur de ce projet de loi

J’assume pleinement d’avoir voté favorablement en faveur de ce projet de loi. Je regrette néanmoins que des collègues députés de mon département, quel que soit leur appartenance politique, souvent prompt aux effets d’annonce, aux coups de communication, voire à la démagogie, ne s’engagent pas en faveur de ce projet de loi.

Faire croire en circonscription – les pieds dans la glaise – qu’on défend nos paysans, une agriculture locale et des savoir-faire industriels exceptionnels, et défendre tout l’opposé à Paris n’est pas ma conception de faire de la politique et de respecter la parole donnée.

Que se serait-il passé si une majorité de députés n’avait pas voté ce texte ? Les agriculteurs auraient arrêté ou du moins fortement réduit leurs surfaces cultivées en betteraves sucrières. A très court terme, des répercussions très graves se seraient produites sur les 21 sucreries françaises, entraînant un désastre économique et social. Que seraient devenus les 46000 emplois concernés ? Au cœur de ma circonscription, la sucrerie de Cristal Union à Fontaine-le-Dun compte plus de 120 salariés. Avec les emplois indirects, c’est environ un millier de personnes qui est concerné

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A l’instar des agriculteurs, des industriels et salariés des sucreries que je rencontre fréquemment, j’aurais bien évidemment souhaité qu’il existe des alternatives efficaces, afin de pallier cette épidémie, sans aller jusqu’à voter en faveur d’une dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes. Mais force est de constater que malheureusement, aucune alternative fiable comme l’utilisation de coccinelles, les plantations de haies entre les cultures pour éviter la propagation par exemple, ne peut répondre à cette urgence sanitaire.

La question de la souveraineté alimentaire est posée. Si nous ne produisons plus de sucre en France, nous l’importerons. Cette matière viendra de d’autres pays où l’utilisation de néonicotinoïdes sera autorisée. Nous ne résoudrons en rien le problème. Cette dérogation est conforme au droit européen, et s’aligne sur les mesures mises en œuvre dans 11 autres Etats membres producteurs de betteraves sucrières.

Les choses sont bien claires : le principe d’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes demeure. Il ne s’agit pas d’une autorisation mais d’une dérogation strictement encadrée :

  • Son champ d’application est limité à la betterave sucrière, c’est une culture sans floraison ayant moins d’impact sur les abeilles.

  • Un comité de suivi pour la recherche et mise en œuvre d’alternatives doit être créé.

  • La dérogation est limitée jusqu’en 2023.

  • Un plan de protection des pollinisateurs sera en plus mis en place.

Enfin, un plan national de recherche et d’innovation permettant d’aboutir à des solutions opérationnelles contre la jaunisse de la betterave sucrière a été initié par la filière. Ce plan bénéficiera d’un financement public de 7 millions d’euros sur 3 ans, pour un montant global de 20 millions d’euros. Il permettra de coordonner un effort de recherche sans précédent focalisé sur la jaunisse de la betterave sucrière pour apporter des solutions opérationnelles et efficaces aux agriculteurs.